Au XIXe siècle, le mathématicien Le Verrier a révélé l'existence de Neptune en observant les anomalies de trajectoire des planètes connues. De nos jours, l'Europe, bien qu'omniprésente dans notre vie économique, scientifique, culturelle et politique, reste aussi invisible pour le grand public que Neptune l'était pour Le Verrier. Cette conférence explore pourquoi un système politique qui génère plus des deux tiers des lois en France est si souvent ignoré par les médias et les débats nationaux. Elle examine également comment la France, autrefois à l'avant-garde de la construction européenne, semble aujourd'hui se désintéresser de ce levier d'influence crucial. En scrutant cette "planète" politique européenne, vous découvrirez un paysage où les idéologies coopèrent, où le pouvoir se diffuse horizontalement, et où les conflits deviennent des opportunités de réconciliation. Mais la question demeure : comment associer les citoyens à cette dynamique ? Cette jeune planète a ses zones d'ombre, et cette conférence vous invite à les explorer tout en envisageant les solutions possibles pour renforcer l'engagement citoyen dans l'Europe politique.

• À la fin du XXe siècle, l'Europe était un acteur central sur la scène mondiale, marquant son influence à travers des initiatives telles que la création de l'OMC, l'introduction de l'euro, et le lancement des grands programmes industriels comme Airbus et Ariane. Cependant, au XXIe siècle, l'Europe semble avoir perdu de son éclat, dépassée par la montée en puissance de la Chine et par l'essor des révolutions numériques auxquelles elle n'a pas su pleinement participer. Les États-Unis, autrefois alliés dans la défense des valeurs européennes, ont désormais pris un tournant vers des rapports de force plus traditionnels. Face à des défis comme l'influence croissante de Moscou, Pékin, l'islamisme radical, et la pression démographique africaine, l'Europe se trouve souvent sur la défensive. Bien qu'elle montre un certain leadership dans la lutte contre le changement climatique, les résultats restent mitigés.

  Dans cette intervention, Alain Lamassoure explore les implications de l'absence de l'Union européenne dans la construction du XXIe siècle et questionne jusqu'où nous sommes prêts à unir nos forces pour maintenir l'influence européenne sur la scène mondiale.

En cette fin de décennie, l'Union européenne a surmonté plusieurs crises existentielles telles que la crise de l'euro, l'exode des réfugiés syriens et le Brexit. Malgré ces défis, l'UE a mis en place des législations pionnières, notamment le RGPD, et a pris des mesures fortes contre l'optimisation fiscale des GAFA. Elle a également continué à mener une politique commerciale dynamique avec des accords fructueux (Corée du Sud, Canada, Japon) et s'est imposée comme leader dans la lutte contre le changement climatique. De plus, elle a posé les bases d'une défense commune.

Parallèlement, plusieurs États membres de l'UE traversent une crise identitaire inédite, menaçant la solidarité et les fondements démocratiques nationaux, comme le montrent les situations en Belgique, en Espagne, en Italie, en France et en Allemagne.

Lors de cette conférence, Alain Lamassoure abordera les questions cruciales suivantes : ces pays sont-ils réellement touchés par le même mal ? S'agit-il d'une nouvelle épidémie ou d'une résurgence des crises des années 30 ? La persistance de ces crises pourrait-elle affaiblir l'unité européenne ? Et enfin, les succès de l'Union européenne peuvent-ils offrir des leçons utiles à ses États membres ?

Conçue au XXe siècle pour assurer la paix en Europe, l'Union européenne se révèle particulièrement bien adaptée au XXIe siècle, marqué par la mondialisation. Elle parvient à concilier la défense des identités nationales, le règlement pacifique des différends transfrontaliers, et l'unité nécessaire pour peser sur la scène mondiale. Ce modèle, bien que perfectible, pourrait être la dernière chance pour nos nations d'éviter l'insignifiance dans un monde de 9 milliards d'habitants. Il pourrait également servir d'inspiration à d'autres régions du monde confrontées à des défis similaires, comme le maintien de l'unité dans la diversité. Cette conférence explore en quoi le modèle européen se distingue des systèmes fédéraux classiques comme ceux de l'Allemagne, des États-Unis ou de la Suisse, et pourquoi les coopérations entre États voisins sur d'autres continents n'ont pas rencontré le même succès. Enfin, elle pose la question de l'adaptation des grandes organisations internationales face à ces nouvelles entités plurinationales.

La paix mondiale actuelle est souvent perçue comme une simple absence de guerre, alors que la paix en Europe est bien plus profonde : elle représente une réconciliation des cœurs entre des ennemis historiques, une réalisation qui doit tout à la construction européenne. Cette paix exceptionnelle repose sur des méthodes, des institutions, et des règles qui ont su réconcilier au lieu de diviser. L'objectif de cette intervention est d'explorer comment nous pouvons garantir la transmission de cette "paix des cœurs" aux générations futures pour en faire une paix perpétuelle. Il s'agit également de réfléchir à la manière d'exporter ce savoir-faire unique dans d'autres régions du monde où la paix reste fragile. Enfin, la conférence pose la question de savoir si l'Europe peut préserver ce modèle de paix sans développer une capacité militaire dissuasive, face à un monde où les autres continents continuent de renforcer leurs armements.

Pour le conférencier Alain Lamassoure, l’Union européenne n’est pas un super-Etat, mais une « famille de peuples ». Dans ce contexte, le Brexit n’est pas une sécession mais un divorce douloureux, qui permet à chacune des parties de « refaire sa vie ». Cette conférence examine les implications de cette séparation pour le Royaume-Uni et l'Union européenne. Alain Lamassoure propose de réfléchir aux destinées du Royaume-Uni, notamment sur l'utilisation du référendum dans une démocratie représentative, le projet national post-Brexit, et la notion de « souveraineté » au XXIe siècle.

Du côté de l’Union européenne, des questions cruciales se posent : osera-t-on lancer des politiques européennes longtemps bloquées par Londres ? Face au malaise ressenti non seulement par les Britanniques, mais aussi par d’autres pays, faut-il évoluer vers une Europe à géométrie variable ou renforcer une communauté plus solidaire ? Enfin, quel type de relations l'UE doit-elle proposer à ses grands voisins comme le Royaume-Uni, l’Ukraine, la Russie, et la Turquie ? Cette conférence offre une analyse profonde des défis et des opportunités qui émergent de ce tournant historique.